Comment le glyphosate provoque une crise politique pour Angela Merkel

Le feu vert donné à cet herbicide controversé a été permis grâce à un vote favorable du représentant allemand, contre l’avis des sociaux-démocrates.
C’est l’effet papillon version allemande. La réautorisation lundi 27 novembre du glyphosate par l’Union européenne suscite des tensions au sein de la coalition gouvernementale allemande sortante entre conservateurs et sociaux-démocrates. Et cela au moment même où ils tentent de négocier une nouvelle alliance.
Le feu vert donné à cet herbicide controversé a été permis lundi notamment grâce à un vote favorable du représentant allemand, sur consigne du ministre de l’Agriculture Christian Schmidt, un conservateur membre de la famille politique d’Angela Merkel.
« Rupture de confiance »
L’Allemagne s’était abstenue sur le sujet jusqu’à présent en raison des divisions au sein du gouvernement autour du glyphosate entre les démocrates-chrétiens de la chancelière et les sociaux-démocrates. Elle a voté finalement en faveur de la proposition de réautorisation de 5 ans, après avoir demandé des restrictions sur l’usage privé du produit et un meilleur respect de la biodiversité, selon une source proche du dossier.
La ministre sociale-démocrate de l’Environnement Barbara Hendricks, opposée à l’herbicide, a immédiatement accusé son collègue de l’Agriculture d’avoir outrepassé ses prérogatives, parlant d’une « rupture de confiance » au sein de la coalition actuelle. « Ceux qui espèrent construire une relation de confiance entre partenaires de coalition » ne peuvent pas se comporter ainsi, a-t-elle estimé.
Elle est d’autant plus en colère qu’elle a affirmé avoir expliqué à son collègue de l’Agriculture dans la matinée son opposition à une prolongation à 5 ans, au nom de la protection de l’environnement et la santé.
« C’est un événement sans précédent »
Le glyphosate est devenu une question sociétale après son classement comme « cancérogène probable » en mai 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer, un organe de l’OMS.
Selon Barbara Hendricks, les deux ministres avaient convenu que l’Allemagne s’abstiendrait à nouveau et son collègue de l’Agriculture n’aurait pas tenu parole.
De son côté, la cheffe du groupe parlementaire social-démocrate Andrea Nahles s’est exclamée :
« C’est un événement sans précédent, une violation manifeste de la confiance de la part de la CSU. Nous estimons qu’il s’agit d’un lourd fardeau. »
Sortir l’Allemagne de la crise
Cette « décision étrange » prise par le ministre de l’Agriculture soulève la question de savoir si Angela Merkel a encore ses troupes « sous contrôle », s’est demandée la nouvelle figure forte du SPD.
Christian Schmidt a de son côté justifié son vote en expliquant que la Commission européenne aurait dans le cas contraire eu le dernier mot et aurait « de toute manière voté en faveur de la prolongation du glyphosate« .
L’Allemagne a réussi à « imposer des conditions importantes » pour restreindre l’usage de l’herbicide, a-t-il expliqué au quotidien « Rheinische Post ».
Cette dissension risque de compliquer les efforts en cours entre conservateurs et sociaux-démocrates en vue de former un gouvernement pour sortir l’Allemagne de la crise et répondre à l’impatience grandissante du reste de l’Europe.
(Avec AFP)